mercredi 8 mai 2019

Traduction, mon amie...

A l'occasion de la sortie du roman Vanille et pomme caramélisée que j'ai traduit pour Fleurus, je souhaitais évoquer le travail de traduction.

J'ai commencé à traduire il y a déjà plusieurs années, depuis l'italien et l'anglais, pour le magazine Winnie, chez Disney Hachette Presse.


Traduire mais aussi adapter pour un format différent du texte original.
Traduire, et donc lire.
Relire.
Essayer, choisir.
Se questionner, sans cesse.
Relire encore.
J'aime ce travail de corps à corps avec une langue étrangère et avec le français. J'aime ce travail de lecture, de relecture, d'écriture, de recherche et de réflexion sur son propre rapport à la langue maternelle et à une langue étrangère que l'on aime d'amour... ou pas.

Le travail de traduction est passionnant mais éminemment complexe. Pour moi, c'est vraiment dans la traduction que la réflexion sur la langue, la littérature, l'écriture, va le plus loin. 
Une langue source à comprendre, bien sûr.
Mais pas que, évidemment. Cela dépasse la seule nécessité de compréhension comme lorsque l'on lit un texte dans une langue étrangère que l'on maîtrise.
Une langue source à dominer, laisser entrer en soi, interpréter, ne pas trahir, pour la "restituer" dans sa langue maternelle.
Pas seulement, non plus.
Qu'a voulu dire l'auteur ? Comment a-t-il voulu le dire ? Comment rendre compte de ce qui est constitutif d'une langue, linguistiquement et culturellement, dans une autre langue ?

Contexte culturel, intertextualité, expressions idiomatiques, registre de langue, interprétation... sont autant de questions auxquelles ont tenté de répondre traducteurs, chercheurs, écrivains, linguistes.
Le Dire presque la même chose d'Umberto Eco est bien entendu une référence en la matière. Mais j'ai aussi beaucoup appris de l'essai de Franca Cavagnoli La voce del testo paru aux éditions Feltrinelli : pédagogique et claire, sa réflexion est par certains côtés plus accessible que le texte érudit d'Eco.


Si j'ai une certitude, et une seule, en matière de traduction, c'est que cela repousse sans cesse ce que l'on croit savoir sur sa langue maternelle et la (les) langue(s) étrangère(s) que l'on connaît...

Je profite de ce post pour remercier tous ceux qui œuvrent pour la diffusion, l'apprentissage et le perfectionnement (chantier sans fin !) de l'italien, langue de mon cœur à laquelle je me frotte quotidiennement depuis quinze ans...
Chantier sans fin là aussi ;-)